En choisissant Alejandro González Iñárritu comme président de sa 72ème édition, le Festival signe non seulement une particularité jusque-là jamais réalisée en ouvrant ses portes à un pays d’Amérique du Sud mais aussi en réunissant sept nationalités dans la passion du cinéma à l’heure où l’une des premières puissances mondiales tente d’ériger un mur entre le Mexique et les USA, l’humanité et les migrants, la culture et la déshumanisation.
Après plusieurs venues à Cannes, la première remontant à une vingtaine d’années lors de sa participation à la Semaine de la Critique en 2000, le Président Iñárritu ne cache pas sa fierté d’être de l’autre côté, sans le stress de la compétition, endossant un rôle plus humain et basé sur l’émotionnel mais sans trop savoir comment cela va fonctionner en fait, curieux de cette première. Il espère que lui et son équipe seront secoués, remués car ils ne sont pas là pour juger mais pour s’imprégner de ce qui va leur être proposé, avides de voir ce qu’il pourra en ressortir en travaillant au meilleur rythme possible grâce à une sélection exceptionnelle, même si la tâche s’avère difficile à accomplir. Ce serait bien plus simple si les films pouvaient être visionnés par le jury sans que l’on ne sache qui en est le réalisateur : la virginité du nom, de la nationalité et de la culture pour le respect du film avant tout.
Brigitte LEPAGE
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