Aujourd’hui, nous allons avoir un gros morceau, à savoir la projection du dernier film de Abdellatif Kechiche « Mektoub, my love : Intermezzo ». Le film débute à 22 heures et dure 4 heures ! Si le film est bien, les 4 heures passeront rapidement comme cela avait été le cas à l’époque avec « La belle Noiseuse » de Jacques Rivette avec Emmanuelle Béart et Michel Piccoli. Quatre heures qui étaient passées plus rapidement qu’un film de Godard d’une heure trente ! Quoi qu’il en soit, beau ou pas beau, l’heure tardive sera bien présente.
En attendant, direction la salle Claude Debussy pour visionner « Le Traître » de Marco Bellocchio. Une histoire vraie, celle d’un repenti de la mafia nommé Buscetta qui a pris une décision qui va changer le cours de l’histoire en allant rencontrer le juge Falcone et ainsi trahir le serment de la Cosa Nostra. Nous voilà partis en salle obscure pour 2h25 ce qui nous laissera grosso modo une heure entre les deux séances. « Le Traître » m’a plutôt plu. J’aime les histoires vraies, toutefois, j’estime que « Le Traître » ne devrait pas se retrouver au palmarès. Marco Bellocchio a raté sa mise en scène du procès. Si le fond est intéressant, la forme ne l’est pas. C’est trop « plan-plan », elle manque de rythme et donc de suspens.
« Mektoub, my love » de Kechiche, malgré l’heure tardive (22 heures) et la longueur du film (3h40) attire la foule. Je précise quand même que l’on a annoncé une scène de cul assez crue et qui devrait durer pas moins de 15 minutes. Cela expliquant peut-être ceci.
La première scène est très jolie. Esthétiquement et cinématographiquement. Des jeunes sont à la plage. Ils font connaissance d’une jeune fille. Ils parlent de tout et de rien, de l’avenir, de leurs études, de leurs rêves, de leurs déceptions ; Il y a un peu de Rohmer dans cette scène. La seule chose gênante est la manière dont ils sont filmés. Comme à l’accoutumée, Kechiche filme au téléobjectif. Dès lors, les protagonistes ne savent pas ce qu’il filme exactement. En revanche, nous on le sait. Il filme principalement le derrière des filles ou des parties plus précises de l’anatomie féminine. Cette scène à la plage, me semble un peu longue. Je regarde ma montre. Elle fait exactement vingt minutes ! On passe alors de la plage à la boîte de nuit. J’ai comme l’impression que ces scènes seront toutes aussi longues. Je chronomètre la scène en boîte de nuit.
On y voit des jeunes filles qui se trémoussent sur de la musique techno. Tantôt elles sont aguichantes, tantôt elles ont du style. On a compris, les jeunes en vacances, c’est cela : plage, boîtes de nuit, drague.
Le temps paraît une fois encore long, très long. Je regarde autour de moi, certains ont déposé les armes et prennent de l’avance sur leur nuit. Par moment, j’entends, malgré la musique assourdissante comme si on était réellement en boîte de nuit, les sièges claquer. Cela fait 1h25 que nous regardons des jeunes danser sur cette musique qui agresse nos tympans. Le nouveau film de Kechiche est une véritable torture et sans aucun doute mon plus mauvais souvenir de cette édition. Il est plus de 2 heures du matin, ne m’en voulez pas chers lecteurs mais là, je n’en peux plus, Kechiche m’a tué, je vais me coucher.
Brigitte Lepage