Rien ne va plus à Centerville, USA. Des phénomènes étranges se produisent. Des poulets, des vaches disparaissent. Les batteries de téléphone meurent plus vite que la normale, des interférences brouillent les programmes télé, des chats et des chiens ne répondent plus à l’appel des maîtres. Mais que se passe-t-il dans cette petite bourgade bien tranquille surveillée de près par trois policiers dont une femme ? Le mystère est bel et bien présent jusqu’au jour où les deux préposées d’un bar à donuts et café sont retrouvées mortes et à moitié dévorées. « Il s’agit sans doute d’un animal sauvage ou même de plusieurs animaux sauvages » s’interroge le chef de la police et ses deux acolytes. Mais très vite, un autre bruit court. Celui de la présence importante de zombies ! Et nous voilà partis dans une direction surprenante menée par un Jim Jarmusch plus cinéphile que jamais.
Comment ne pas reconnaitre la griffe Jim Jarmusch que Cannes a découvert en 1984 avec « Stranger than Paradise » lauréat de la caméra d’or ? Depuis, Jim Jarmusch est venu à maintes reprises en compétition à Cannes, a obtenu plusieurs prix mais n’a jamais décroché la récompense suprême. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il se répète dans ses films. Il a, comme dit plus haut, une griffe ça c’est sûr mais aussi la particularité de changer de genre à chaque nouveau film. Avec « The Dead don’t die », il oscille entre la comédie et la tragédie avec un soupçon de gore... soupçon parce qu’aujourd’hui plus rien ne choque le spectateur, même pas un Iggy Pop mangeant les entrailles d’une pauvre serveuse qui n’a rien demandé de plus que de la laisser nettoyer son drugstore.
Derrière la lecture au premier degré, les zombies envahissant Centerville parce que l’axe de la terre a bougé et a donc réveillé les morts assoiffés de sang, nous découvrons en creusant un peu le message bien plus subtil dégagé par Jim Jarmusch. Il s’agit d’un message écologique et surtout une mise en garde de la manière dont on traite notre environnement et notre façon de vivre. Certains zombies sont accros aux smartphones, d’autres au Xanax, d’autres encore aux sucreries et principalement les enfants. Nous sommes tous dépendants de quelque chose, délaissant les choses simples de la vie et surtout la nature. Pour nous le rappeler, un homme des bois, appelé Bob l’ermite (alias Tom Waits) qui observe le monde aux jumelles et qui vit non seulement heureux avec ce que lui donne la nature mais est aussi le seul à être épargné par les zombies. CQFD....
Thibaut Demeyer