Aujourd’hui, nous avons rencontré l’équipe du film « Everybody Knows » d’Asghar Farhadi avec Penelope Cruz et Javier Bardem. Une œuvre acceptée assez froidement par la presse internationale.
En revanche, Penelope Cruz n’a pas lésiné sur son charme lors de la conférence de presse. Elle s’est présentée à nous avec un large sourire, s’est prêtée au jeu des photos et des autographes à la fin de la rencontre. Toutefois, lors de la rencontre, elle est restée assez discrète sans pour autant rechigner sur les questions humoristiques comme avec cette journaliste allemande qui lui a demandé si elle avait touché le même cachet que Javier Bardem. Question à laquelle, elle a répondu par l’affirmative avec un large sourire. Il faut dire aussi que Penelope et Javier ont été mis au courant que la presse, à l’unanimité, a été enchantée par leurs prestations. Faut bien avouer que cela détend l’atmosphère.
copyright photo : Thibaut Demeyer
Puis, elle nous a parlé de sa manière de gérer sa vie privée et professionnelle aux côtés de Javier Bardem car comme tout le monde le sait, ils forment un couple dans la vie. «Nous avons travaillé souvent ensemble et quand la journée est terminée, on ne parle pas boulot. Peut-être que quand j’étais plus jeune, j’ai débuté à 20 ans, je me disais qu’il fallait que je me torture, que je campe mon personnage pendant des mois mais je me suis rendu compte depuis lors que ce n’est pas la bonne stratégie. Maintenant, je sais faire la part des choses entre la réalité et la fiction et c’est ce croisement entre ces deux dimensions qui me passionne dans mon travail. »
copyright photos : Thibaut Demeyer
Souvent primé à Cannes, la dernière fois c’était pour « Le client » où il avait obtenu le prix du scénario, le réalisateur iranien Asghar Farhadi revient à nouveau en compétition avec un privilège supplémentaire par rapport à ses collègues en ayant son film en ouverture.
En général, les films présentés en ouverture sont des œuvres plus légères que celles présentés durant les onze jours de la compétition. « Everybody Knows » ne faillit pas à la « tradition ». Cette histoire de kidnapping d’une adolescente par des proches de la victime manque cruellement de profondeur, on se croirait dans un feuilleton télévisé diffusé les après-midis pour les ménagères de plus de cinquante ans ! Asghar Farhadi, use et abuse de grosses ficelles pour donner un peu d’épaisseur à son intrigue mais malheureusement son scénario manque de finesse laissant trop souvent apercevoir les secrets qu’ils veut absolument cacher. Et, comme si ces ficelles ne suffisaient pas, il semble obligé d’utiliser des clichés qui sonnent le trop plein dans nos têtes !
Quel dommage, lui détenteur du prix du scénario à Cannes, de nous présenter une histoire si peu convaincante et si mal écrite alors que sa mise en scène est épatante comme celle de la fête du mariage qui va durer une vingtaine de minutes. Quel dommage pour les comédiens, Javier Bardem et Penelope Cruz en avant plan et Barbara Lennie en arrière-plan, qui sont épatants à l’image de Penelope Cruz qui sans artifice, comme pourrait l’exiger certaines stars, est criante de vérité en mère épeurée face au kidnapping de sa fille aînée. Une qualité d’interprétation qui mériterait un prix mais nous n’en sommes pas encore là.
La compétition a à peine commencé que déjà nous tombons sous le charme d’une première œuvre venue d’Egypte et signée A. B. Shawky.
L’histoire est celle de Beshay, lépreux aujourd’hui guéri, qui depuis son arrivée à l’époque de son enfance n’avait jamais quitté sa léproserie située dans le désert égyptien. A la mort de son épouse, il décide de partir à la recherche de ses racines. Si au départ, il décide de partir seul, cela ne durera pas longtemps car il découvre que le petit Obama, orphelin, s’était caché dans sa carriole. C’est donc ensemble qu’ils feront ce long voyage qui va leur faire traverser toute l’Egypte, affrontant le monde avec ses beaux et moins bons côtés.
Il y a quelques années, le réalisateur-acteur japonais Taskeshi Kitano avait présenté sur la Croisette le magnifique « Eté de Kykujiro » où l’histoire d’un homme qui parcours le Japon aux côtés d’un jeune orphelin à la recherche de sa famille. Dès lors, l’histoire de « Yomeddine » n’est pas très différente et donc pas nouvelle en soi. Mais cela ne gêne en rien la qualité de l’œuvre.
Ce qui fait la force de « Yomeddine » c’est que le réalisateur a su doser les belles images qu’offrent l’Egypte, et la musique. Deux éléments importants d’une œuvre, qui ont le pouvoir de dicter les émotions du spectateur alors que le film à l’arrivée ne devrait présenter aucune empathie. Dans « Yomeddine », l’émotion nous vient naturellement grâce à la crédibilité des personnages et de leur qualité d’interprétation que ce soit de Rady Gamal, le lépreux et réellement lépreux dans la vie, ou de Ahmed Abdelhafiz alias Obama. Même la scène de la mort de l’âne reste ouverte à l’émotion de tout un chacun.