Le nom qui revient le plus souvent pour l’instant sur toutes les lèvres, c’est Godard. On attend le dernier Godard, que peut-il bien venir nous présenter dans « Son livre d’image » en compétition demain ? Avis et verdict ce vendredi.
Qu’à cela ne tienne, le plus important n’est pas le nombre de sélections par pays mais bien la qualité. Avec « Leto » de Kirill Serebrennikov, c’est ce que l’on retrouve dès les premières images : la qualité. Qualité technique tout d’abord avec une mise en images en noir et blanc des plus belles puis sa mise en scène de scènes « existantes » et « n’ayant jamais existées », une particularité de « Leto » tout comme le grimage des images qui donne un effet surprenant et original.
Ensuite, l’œuvre présente une qualité narrative qui maintient le spectateur en éveil durant les 2h10 de la projection. Et enfin, la qualité du scénario basé sur une histoire vraie qui se déroule à Leningrad, un été au début des années 80. En amont de la Prestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent sous le manteau. A cette époque, apparaît une scène de rock où Mike se produit régulièrement. Un jour, Mike et son épouse Natacha font la connaissance de Viktor, jeune musicien qui apportera une autre façon de faire du rock et ainsi participer à la volonté de vouloir changer le cours du rock’n’roll en Russie.
A travers cette œuvre et plus précisément à travers quelques symboliques de l’image, Kirill Serebrennikov nous montre ce qu’était l’Union Soviétique durant cette décennie des années 80. Il y a d’ailleurs une scène, furtive, qui en dit long. Nous sommes en plein concert, les jeunes sont assis sagement sur leur chaise sous la surveillance de responsables du parti. Il leur est autorisé à frapper la mesure dans les mains. Mais lorsqu’une jeune fille commence à se dandiner légèrement, la caméra capte une main furtive d’un membre du parti sur l’épaule de la fille. Le geste est bref et clair : on ne se dandine pas, même assis sur sa chaise ! A travers ce geste, on a tout compris. Kirill Serebrennikov n’a plus à revenir sur les travers de ce régime. Il a tout dit, il peut dès lors se concentrer sur le fond de son film « la naissance du rock’n’roll en Union Soviétique ».
Brigitte LEPAGE
Premier film français en compétition. Nous avons encore tous en tête le film de Robin Campillo « 120 battements par minute » qui avait obtenu le grand prix du jury ici même l’année dernière. Avec « Plaire, aimer et courir vite » de Christophe Honoré, nous revenons sur les années sida et ses histoires d’homosexualité.
Arthur a 20 ans, il est étudiant à Rennes. Jacques a presque 40 ans, il est écrivain et vit à Paris. Leur rencontre bouleversera à jamais la vie d’Arthur alors que Jacques sait qu’il va falloir vivre vite cette histoire d’amour car la maladie de Jacques gagne du terrain chaque jour.
Si la base de l’histoire d’amour est classique, Christophe Honoré nous séduit à travers les dialogues qui sonnent juste et bien mais aussi à travers le jeu des acteurs que ce soit Vincent Lacoste alias Arthur, prix Patrick Dewaere cette année, Pierre Deladonchamps alias Jacques, César du meilleur espoir masculin ou Denis Podalydès alias le voisin d’immeuble, lui aussi homosexuel et ami sincère de Jacques, que nous ne présentons plus.
Certes, « Plaire, aimer et courir vite » est moins fort que « 120 battements par minute » mais c’est aussi un genre différent. Christophe Honoré ne revendique rien, il ne fait que raconter une histoire d’amour. D’accord entre deux hommes, mais c’est quand même une histoire d’amour. Alors oui, on y parle du ravage du SIDA et c’est normal vu que l’action se déroule dans les années 1990 à l’époque où le SIDA faisait énormément parler de lui et où l’on croyait qu’il ne touchait que le milieu des homosexuels. Il était donc évident que son histoire ne pouvait pas passer à côté de ce fléau. Cyril Collard s’en serait retourné dans sa tombe !